NFT : un nouvel espace de création pour les artistes

Dans le cadre de l’exposition “Apparition / Disparition” qui se déroulera du 19 au 21 mai au sein de la Chapelle de l’Hôtel-Dieu, nous avons rencontré l’artiste Hermine Bourdin qui sortira un nouveau NFT à cette occasion.

À la fois sculptrice et créatrice digitale, nous l’avons interrogé sur son parcours, son art et sa découverte du « crypto art ».

1. Pouvez-vous nous parler de votre parcours d’études et professionnel ?

« La sculpture a toujours été pour moi une véritable passion mais pas quelque chose que j’imaginais envisageable. J’ai mis beaucoup de temps avant de me lancer sérieusement. J’ai eu un parcours un peu atypique car je suis partie très jeune vivre aux Etats-Unis, je voulais absolument être bilingue, j’ai ensuite travaillé dans la traduction pour avoir un « vrai métier » mais j’ai rapidement arrêté pour me former à l’illustration digitale, au graphisme et au Stop Motion.

 

Puis j’ai eu l’occasion d’aller vivre au Danemark j’ai travaillé dans la vente de mobilier vintage de designers scandinaves, cela a beaucoup forgé mon esprit esthétique. J’étais impressionnée par la manufacture de ces objets épurés. J’ai découvert Alvar Aalto, Jacobsen, Saarinen. Mon envie de sculpter prenait de plus en plus de place dans mon esprit.

 

En rentrant à Paris, j’ai été l’assistante d’une femme artiste qui travaillait avec des émaux teints d’après une technique florentine. Mon envie de sculpter revenait sans cesse, une véritable obsession. Sur mon temps libre je me suis mise à toucher à tout, je prenais des cours avec des maîtres de taille de pierre, des sculpteurs sur bois, j’ai essayé le métal, j’ai fait des essais avec du plâtre, des matériaux écologiques aussi, je me documentais énormément. Je cherchais le matériau idéal pour réaliser mes formes. Finalement il s’est avéré que la terre était le matériau le plus pertinent pour moi. Cette matière féminine, sensuelle et généreuse qui faisait parfaitement écho avec les formes que j’avais en tête. »

2. Qu'est-ce qui vous inspire au quotidien pour créer vos sculptures ?

« Les femmes sont mes Muses. En particulier les femmes rondes que je trouve plus généreuses et inspirantes. J’ai passé mon adolescence chez ma grande sœur, son mari était comédien de théâtre et il me faisait regarder des grands classiques du cinéma, en particulier le cinéma italien. J’ai grandi en regardant les films de Fellini, ses héroïnes toujours très girondes et libres m’ont beaucoup marquée, Sophia Loren, Anita Ekberg mais aussi les vieux films Hollywoodiens avec Maryline Monroe, Ava Gardner et Rita Hayworth. Toutes ces femmes sublimes m’ont énormément inspirée.

 

Je regarde aussi beaucoup de danse car j’aime donner un mouvement à mes pièces. Récemment d’ailleurs j’ai travaillé sur un projet avec une danseuse de l’Opera de Paris, Eugénie Drion. Et puis il y’a la sculpture abstraite de Brancusi, Barbara Hepworth, Zadkin, mais aussi Camille Claudel et Rodin, Bourdelle, la statuaire grecque et les vénus paléolithiques.

Mon travail est une Ode aux femmes que je vois comme des sculptrices de vie, c’est pour cela que j’aime mettre un cercle au sein de mes pièces, pour illustrer leur pouvoir créateur. On peut y voir aussi la Terre, homonyme de mon matériau de prédilection, cette matrice protectrice, qui résonne avec ces femmes généreuses qui m’inspirent tant.

 

J’ai pas mal étudié les philosophies religieuses aussi et on peut imaginer au centre de mes pièces le « aum », cette syllabe qui désigne l’infini dont on retrouve la symbolique dans les religions bouddhiste et hindouiste. Ce signe de l’infini dans le temps et dans l’espace, c’est la vibration sacrée, primitive, origine de la vie, un peu comme le « Verbe » de l’Evangile. Le Verbe, tout comme le « aum » est la parole divine, la parole qui insuffle la vie. »

3. Pourquoi et comment vous êtes-vous tournée vers les NFT ?

« Tout a commencé quand j’ai voulu fournir des certificats d’authenticité pour mes sculptures enregistrées sur la blockchain avec Verisart. Par ce biais j’ai entendu parler des « NFTs » mais je ne m’y suis pas tout de suite intéressée. Tout cela était loin de moi. Je ne comprenais pas l’utilité ni l’esthétisme. Mon partenaire qui lui en revanche est geek et s’intéressait déjà aux cryptomonnaies était beaucoup plus enthousiaste que moi. Il m’a expliqué ce qu’étaient les NFTs jusqu’à ce que je comprenne comment je pouvais explorer artistiquement ce nouveau « courant ».

 

Un NFT est juste une façon d’authentifier une pièce digitale en lui donnant une rareté qui lui permet d’être collectionnée, un peu comme une photographie signée. Le NFT est le moyen qui rend ce mouvement de « crypto art » et « d’art digital » (ou art numérique si on préfère) possible et c’est une véritable révolutionNous avons donc commencé à scanner en 3D une de mes pièces et lui avons donné une « seconde vie » sur la blockchain.

Depuis, cela m’a ouvert tout un nouvel univers et espace de création. Ce qui me plaît aussi c’est que nous sommes devenus un duo avec mon partenaire. Il a appris la 3D et nous avons fusionné nos deux univers en créant des pièces digitales. Moi avec mon univers organique et physique sculpté dans mon atelier et lui geek, gamer et développer de profession. On s’amuse beaucoup. C’est un nouveau courant artistique auquel j’avais envie de participer. »

4. Quand on travaille sur un medium comme la terre, quelque chose de très concret, comment on adapte son art à une plateforme 100% digitale comme le Métaverse ?

« C’est un nouveau paradigme. Le monde devient de plus en plus digital, nous sommes aux portes du Metaverse, il me semblait intéressant d’explorer ce nouvel univers parallèle. En tant que sculptrice je trouve qu’il y a un aspect libérateur dans l’art numérique qui me permet de défier les lois de l’univers physique qui n’a que faire de la gravité terrestre (mon pire ennemi IRL « in real life », dans la vraie vie). J’emploie donc la 3D comme nouveau matériau d’exploration et de création. Cela me permet de jouer entre le statique et le cinétique, le matériel et l’immatériel, les différentes couleurs, formes, textures et échelles de mes pièces. »

 

En partenariat avec l’école EAC, le réseau Adele et les Hospices Civils de Lyon (HCL), vous allez sortir un nouveau NFT à l’occasion de l’exposition « Apparition/Disparition » qui se tiendra du 19 au 21 mai au sein de la Chapelle de l’Hôtel-Dieu.

5. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur cette nouvelle création et comment pourra-t-on se la procurer ?

« Je suis ravie de participer à cette exposition, tout d’abord car j’ai grandi en région Lyonnaise et j’aime beaucoup cette ville. Ma famille paternelle est catholique et cette religion a bercé mon enfance.  Aussi ce n’est pas tous les jours qu’on expose son NFT au sein de la Chapelle de l’Hôtel-Dieu, ce lieu très sacré avec toutes ses reliques. Je suis aussi très heureuse de participer à la rénovation de cette chapelle car 50% des ventes seront directement reversées aux rénovations de la Chapelle.

 

J’ai donc réalisé avec mon partenaire une pièce sur le thème de l’apparition et de la disparition en interprétant la Chapelle de façon vaporeuse et légèrement onirique avec une interprétation de la Pieta, qui je l’espère plaira aux visiteurs. »

 

Le NFT “Ascension” est désormais disponible sur la blockchain Ethereum, sur Known Origin. »

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