Ce qui était autrefois un tabou, est devenu plus que jamais, sujet d’actualité. Au printemps, plusieurs expositions célèbrent la beauté des corps à travers différentes époques et régions du monde.
Ce qui était autrefois un tabou, est devenu plus que jamais, sujet d’actualité. Au printemps, plusieurs expositions célèbrent la beauté des corps à travers différentes époques et régions du monde.
Ces artistes ont choisi d’explorer les multitudes de facettes, d’expressions de la sexualité devenant comme un leitmotiv intrinsèque à leurs démarches artistiques. Pourquoi avons-nous besoin d’une touche d’érotisme ? Parce que l’art en lui-même est une discipline qui demande beaucoup d’érotisme. Les œuvres ont besoin d’être regardées, admirées, touchées, en contact avec l’autre.
Du 7 mars au 21 juillet 2019, l’exposition « L’Orient des peintres, du rêve à la lumière » présente une collection d’une soixantaine de chefs-d’œuvre du Musée Marmottant-Monet. Provenant des plus importantes collections publiques et privées de toute l’Europe et des États-Unis, nous pouvons y trouver des œuvres majeures d’artistes tels que Delacroix, Emile Bernard, Jules Migonney ou encore Paul Klee. Le sujet de cette exposition montre que l’Orientalisme du XIXème au XXe siècle, après la conquête de l’Empire, inspirait les peintres européens tout juste revenus de leurs voyages à l’étranger. De la vie quotidienne au paysage, le charme des femmes d’Orient est peint. Avec les Harems, les œuvres montrent la fantaisie des artistes européens à l’époque. La nudité des femmes, les esclaves féminins, sont ainsi des sujets importants pour les artistes. Nous pourrons les retrouver dans quelques tableaux impressionnants par leur taille mais aussi par leur facture. Ces sujets sont donc exprimés de différentes manières. Nous pouvons particulièrement citer les œuvres de Jean- Léon Gérôme tel que « L’Odalisque (non datée) », ou bien celle d’Henri Matisse « Odalisque à la culotte » (1925).
Simon Baker — nouveau directeur de la Maison Européenne de la Photographie qui a succédé Jean-Luc Monterosso — inaugure l’année 2019 avec une importante rétrospective dédiée au défunt photographe Ren Hang. Intitulée « Love » du 6 mars au 26 mai 2019, l’exposition déclaration d’amour rassemblera plus de 150 portraits, issus de collections d’Europe et de Chine. Première rétrospective institutionnelle depuis sa mort, elle tend à rendre hommage à cette figure majeure de la photographie chinoise contemporaine.
L’œuvre de Ren Hang s’est construite avec ses proches dans les espaces confinés de son appartement universitaire ou dans des lieux « du quotidien ». Crue, sexuelle, poétique, absurde, ludique, colorée sont les mots qui ont façonné l’identité surréaliste du photographe. Ces clichés célèbrent une jeunesse décomplexée post-Mao en quête de plaisirs et de jeux, sans normes ni codes. Immédiatement identifiables, il n’y a aucune gêne dans l’œuvre de Ren Hang, ses photographies sont composées presque essentiellement de corps nus de chinois(e)s aux visages typés, aux cheveux noirs et aux corps fins.
« Il a été d’une grande influence dans la jeunesse chinoise grâce à Internet où l’impact est bien plus fort que dans des expositions classiques. Il a fait avancer les choses sur le regard du corps humain, sur l’homosexualité, à une période où ça ne se faisait pas beaucoup en Chine », exprime la galeriste et amie de l’artiste, Wang Lingyun.
Ren Hang s’est donné la mort le 23 février 2017 à l’âge de 29 ans, laissant derrière lui un héritage dense. Il est important de préciser que durant sa brève carrière d’à peine dix ans, il subit de nombreuses censures, d’interruptions de shooting et de fermetures continuelles de son site internet. Il confia dans ses écrits qu’il publiait régulièrement sur son site : « Ne pas pouvoir faire ce qu’on veut dans son pays, c’est une vie tragique ». C’est en grande partie pour cette raison, qu’il a été sujet à des périodes de dépression comme en témoignent ses poèmes. Bien qu’il n’ait jamais eu la volonté de défier le pouvoir politique en place, ses photographies — qualifiées de pornographiques — lui valaient des lettres d’insultes et une pression constante de la part des autorités chinoises.
Ainsi, ces trois expositions ne sont pas là simplement pour divertir les visiteurs, mais sont une manière de rappeler que l’érotisme est un jeu de poésies visuelles vers un univers sensuel.
Un article rédigé par nos étudiants en troisième année de Bachelor Marché de l’art “Conseil expert en objets d’art”.
Manon Maurice
Ga Hyun Kim
Céline Hu